Psychanalyse moderne …Comprendre notre passé qui est le socle essentiel de notre identité

"Dans le monde en constante évolution d'aujourd'hui, où les défis de la vie moderne se manifestent de manière complexe, la psychanalyse de « Freud, Jung, Lacan » s'adapte et se modernise pour répondre aux besoins changeants de ses patients. Voici une présentation claire de la psychanalyse moderne extrait du livre de Charles Pépin, 'Vivre avec son passé, une philosophie pour aller de l'avant', publié par les éditions Allary, ou l’auteur présente comment la psychanalyse, en tant que discipline, s'est transformée pour offrir des réponses profondes et adaptées aux nuances de notre époque. Dans mon cabinet, je m'inspire de ces évolutions pour créer un espace thérapeutique où le passé, le présent et l'avenir se rencontrent, offrant ainsi une approche dynamique et actuelle à la compréhension de soi et à la résolution des défis psychologiques que chacun peut affronter." Bonne lecture

Céline Pisan

12/24/20238 min read

La psychanalyse freudienne, un retour au long cours sur son passé. Page 206

« Vivre avec son passé une philosophie pour aller de l’avant » Auteur : Charles Pépin, édition : « Allary éditions » …

La psychanalyse freudienne a pour ambition de réaliser simultanément les trois types d’intervention dans notre passé que nous venons d’évoquer. : Voir son passé autrement, pour mieux vivre avec, s’habituer aux mauvais souvenirs, pour les rendre supportable, réparer des blessures d’enfance. Freud propose pour méthode une cure par la parole : on se laisse aller à associer librement les idées, à dire sur le divan, les choses comme elles viennent, non comme nous voudrions, qu’elles viennent, sans rien s’interdire, sans rien censurer. Revenir sur son histoire, en dénouer tous les fils, demande parfois un temps que la psychanalyse plus que les thérapies brèves, nous offre.

On a accablé son père, on se découvre injuste. On idéalisait ses parents, on les regarde avec une lucidité nouvelle. On se voyait ainée exemplaire, protecteur, attentionné, on se sait maintenant également jaloux, blessé par l’arrivée d’un plus petit. Cette prise de conscience, salutaire, nous apaise, nous délivre parfois. Cette plongée réussie dans notre passé, nous propulse vers l’avenir. Lorsque la psychanalyse nous offre ce chemin, elle se montre une merveilleuse école de souplesse, de flexibilité mentale. Sur le divan, en parlant du passé, en le remettant, en mouvement, nous ouvrons un espace pour nous relancer nous-mêmes.

Cette méthode psychanalytique fait pourtant débat : les uns y voient la meilleure manière de vivre avec son passé, un rite providentiel, offrant l’occasion d’un véritable retour sur soi, les autres, une rumination vaine et coûteuse réservé à quelques névrosés privilégiés. Au cœur de ce débat se joue la question, même de notre livre : comment revenir sur son passé sans s’enfermer dans le ressassement ? Dans l’Anti-Œdipe, Gilles Deleuze et Félix Guattari prétendaient déjà démasquer l’erreur de Freud : une obsession réductrice du passé, une conception d’un désir réduit à ce que les auteurs nomment avec mépris, « papa, Maman », une manière de toujours ramener nos vies à la petite enfance, au complexe d’œdipe notamment, niant par la même le caractère d’invention de la vie. Au-delà de Freud, ils attaquaient toute philosophie, faisant du retour au passé la condition de l’action et d’une vie créative.

Désirez, pour Gilles Deleuze et Félix Guattari, ne reviens pas à rejouer sans cesse, un complexe de Œdipe venu de notre petite enfance, mais au contraire, a exprimer une vitalité, une puissance d’exister, tourner vers l’autre, vers l’inconnu, vers le vaste monde, vers l’avenir, non vers la scène, étriqué, toujours identique, de notre passé ou de notre petite enfance.

Par ailleurs, on sait aujourd’hui que la zone limbique de notre cerveau, comprenant notamment l’amygdale, siège des émotions, et distinctes de l’air du langage. C’est pour cette raison que certains thérapeutes, comme Jean-Louis Monestès, critique l’usage freudien ou lacanien de la parole, en psychanalyse : en misant tout sur les mots, la psychanalyse s’interdirais l’accès au cerveau émotionnel. Une telle cure par la parole serait ainsi impuissante à réparer les blessures d’enfance, et notamment à apaiser les émotions douloureuses, enregistrer par notre amygdale dans notre cerveau limbique. Plus encore, elle favoriserait le ressassement en invitant le patient à parler encore et toujours des souvenirs douloureux, mais sans lui, proposer de solutions concrètes pour se libérer des émotions négatives, associées, qui reste tapis au fond de la zone limbique du cerveau. Quiconque a déjà vu un de ses proches, s’enfoncer dans sa névrose, alors même qu’il s’allonge depuis plusieurs années sur le divan, sera sensible à une telle critique. Cette dernière pourrait d’ailleurs, sembler pertinente. Si la psychanalyse se réduirait un simple échange intellectuel.

Mais nous avons suffisamment montrer qu’il ne s’agit en rien de rejouer la même scène, d’une part, parce qu’il n’est pas de souvenirs sans reconstruction, et donc pas de frontières claires entre mémoire et imagination, d’autres part, parce qu’il s’agit justement non de rejouer cette scène à l’identique, mais précisément d’intervenir dedans, de la recomposer partiellement.

Plus encore, que nos réactions et les modalités de nos relations aux autres, soit profondément. Influencé par notre enfance, ne signifie aucunement que cette origine nous fixe un destin, ou réduise notre rapport au désir. Si ce fondement forme notre désir, le colore, celui-ci ne se limite pas. Nous venons de quelque part–pourquoi le nier ? mais cela ne nous empêche pas d’aller ailleurs.

Oui, pour l’essentiel, ce que nous a appris, Freud demeure vrai : nous avons d’abord été cet enfant dépendant, absolument vulnérable, accueilli à son arrivée sur terre par des parents, qu’il n’a pas choisi, évidemment, marqué, par la manière dont cet accueil s’est déroulé, déterminé, aussi, dans son désir, par les premiers élans, souvent contradictoires, pour ses figures parentales, puis pour d’autres. Mais cela ne nous empêche en rien de désirer. Partir à la conquête du vaste monde.

Freud est un pionnier. Il est le premier à avoir donné un cadre théorique d’envergure à cette idée : notre premier univers social –notre famille, notre rapport à nos parents, notre place dans la fratrie…–Influence pour notre vie entière, notre rapport aux autres, au monde. Depuis ses travaux, nous savons que vivre avec son passé, nous demande de comprendre comment les premières années de notre vie ont modelé, sculpter, notre intériorité, la « matière », même de notre inconscient. Et la cure psychanalytique, avec ses séances, ritualisé, semble idéal pour en prendre la mesure, sortir des logiques d’évitement, et, ou de déni, se rapprocher de son désir propre ou de cette mélodie de notre vie intérieure, dont parle Bergson.

Mais reconnaître le génie de pionnier de Freud ne signifie pas que la psychanalyse doit se dérouler aujourd’hui comme il y a 1 siècle, ni même 50 ans, autant des théories lacaniennes. Interpréter tous les symptômes à la lumière du seul complexe d’œdipe et de la libido, comme le fait Freud est trop réducteur et peut conduire à l’impasse en restant sourd et aveugle à d’autres voies d’exploration de l’esprit. Et la posture du lacanien mutique, s’exprimant par sentence Sibyllines avant d’interrompre la séance, au bout de quelques minutes, au prétexte que cette scansion permettra à l’analysant de mieux entendre, ce qu’il ne veut pas savoir, ses limites, pouvant provoquer une frustration contre-productive. Dans ces cas, le risque est grand, en effet, que le patient s’enfonce dans le ressassement pour la simple raison qu’aucune échappatoire ne lui ai proposé. Difficile d’intervenir dans son passé, quand le psychanalyste lui-même ne daigne pas intervenir dans la séance !

La psychanalyse s’est donc modernisée et nombre d’analyses, ont su faire évoluer leur méthode : ils interviennent, proposent, s’étonnent, prennent des notes, reviennent sur un propos pour le faire résonner, sont capable de renvoyer l’analysant à un rêve évoqué, lors d’une autre séance, de montrer ses similitudes avec un autre songe… Ses psychanalystes se tiennent au fait, des avancées des neurosciences, ils se montrent ouvert à d’autres pratiques, notamment comportemental, et savent offrir à leurs patients, en plus d’une oreille, leur permettant d’entendre ce qu’ils disent mieux que quiconque, la qualité d’un rythme, d’un temps, et d’un lieu qui leur permet de se retrouver, de ressaisir, leur passé dans leurs paroles, de reprendre confiance en eux et en leur avenir.

« Parler sur le divan », permet à l’analysant de s’abandonner à une parole qui cesse d’être rationnelle, qui cesse de raisonner pour enfin résonner. Il se laisse traverser par autre chose que le discours lui-même ; il s’ouvre au langage de son corps, de ses émotions, de son inconscient. Il se révèle dans une parole qui n’est plus intellectuelle. Lacan a même élaboré le concept de « lalangue » pour décrire cette parole sur le divan qui échappe au contrôle de la raison et de la conscience : une parole, faite de mots, mais aussi de sons, de borborygmes, d’onomatopée, d’hésitation, de répétition, de silence… En définissant, l’homme comme un, «parlêtre », Lacan, nous dit que nous ne pouvons accéder à notre intériorité, à notre être, qu’en parlant, mais d’une parole aux prises, avec notre inconscient, beaucoup plus qu’avec notre conscient

De plus, si la zone des émotions est en effet distincte de l’air du langage, nous savons aujourd’hui que toutes les zones de notre cerveau communiquent entre elles. Les mots peuvent donc être un véhicule permettant d’accéder à ses émotions profondément enfouies dans notre cerveau limbique. C’est ce qui se produit parfois avec des mots d’ailleurs très simple, lors des séances de reparentage que nous avons évoquées. Et nous, en faisons souvent l’expérience, sur le divan ou ailleurs, lorsque, rapportant un Évènements, les larmes nous viennent, l’émotion nous saisit. Le passé ressurgit est, par la voix qui s’ouvre, un déblocage a lieu, une purge libératrice, qui laisse place au nouveau, à l’avenir. Nous nous sentons soudain la force d’accueillir ce qui a eu lieu, et non de le fuir, ce qui constitue le premier geste d’intervention dans son passé. Nous comprenons d’un même mouvement que si nous ne pouvons pas changer ce qu’il y a eu lieu, nous pouvons transformer notre manière de le vivre, d’en être les enfants, les héritiers. Et ainsi, nous posons la pierre angulaire par laquelle devenir des fondateurs.

La cure psychanalytique nous guide dans une nouvelle manière de dire les choses, comme elles viennent, sans souci de cohérence, ni de censure morale. Elle nous apprend à diverger à éclairer soudain notre passé d’un jour nouveau. Cet art de la divergence est le meilleur antidote au ressassement. Les psychologues qui analysent les ressorts de la créativité intellectuelle–celle-là même qui nous permet de nous ressaisir de notre passé et d’être à la hauteur de notre avenir–la définissent comme le résultat d’un aller-retour, entre une attitude de divergence et une de convergence. Diverger consiste à laisser ses idées se développer librement, s’autoriser toutes les associations, les digressions, accueillir ce qui vient, et le laisser appeler autre chose. Converger, au contraire, de ne pas perdre de vue l’objet de sa réflexion, d’accueillir les idées, que, dans la mesure où elles convergent vers notre sujet, entretiennent avec lui un rapport direct. Il faut l’alternance des deux pour développer une pensée créative. Or, si nous convergeont naturellement vers l’objet de notre réflexion, lorsque nous y pensons, nous avons souvent plus de mal à diverger, à adopter un nouvel angle de vue, à ouvrir notre esprit à d’autres perspectives, à faire ce pas de côté qui peut nous ouvrir de nouvelles voies. C’est pourtant par elle que nous apprenons à nous connaître, que nous nous rapprochons de notre désir, que nous gagnons une force de vie et une capacité à agir inédite. Nous y apprenons même parfois à rire ou à sourire de nous-mêmes, de nos obsessions, ou de nos névroses, ce qui n’est pas la moindre des vertus d’une psychanalyse « réussi ».

Ce sourire retrouvé, cette souplesse nouvelle, ce regard plus doux, posé sur autrui ou sur soi, voilà au fond, ce que nous recherchons en intervenant dans notre passé : une manière de nous alléger. Que la vie, il suffise, ou que nous ayons besoin d’une thérapie pour accompagner ou relancer ce mouvement de la vie, nous pouvons tous trouver un chemin d’allégement et de nouveau aller de l’avant.

Conclusion personnelle...

"En partageant ces réflexions que j’ai trouvé clair et juste tiré du livre de Charles Pépin, 'Vivre avec son passé, une philosophie pour aller de l'avant', publié par les éditions Allary, j'ai voulu mettre en lumière la manière dont la psychanalyse moderne s'adapte et évolue pour répondre aux besoins complexes de notre époque. La définition de la psychanalyse dans ce livre aide à la compréhension de la psychanalyse tel que je la pratique chaque jour dans mon cabinet, où le passé, loin d'être un fardeau, devient un outil puissant pour comprendre et transformer notre présent. En intégrant ces perspectives riches et nuancées, j'aspire à offrir à mes patients un espace thérapeutique où la psychanalyse se conjugue avec les défis de notre temps, favorisant ainsi un voyage profond vers la découverte de soi et le cheminement vers un avenir épanouissant."